mercredi 30 avril 2008

Trilogie de la Vengeance

Ci-dessous la chronique de la superbe trilogie sur le thème de la Vengeance réalisée par Park Chan-Wook.

Sympathy for Mr Vengeance (2002)

Synopsis :
Ryu est un ouvrier sourd et muet, dont la sœur est en attente d'une opération chirurgicale. Son patron, Dongjin, est divorcé et père d'une petite fille. Young-Mi, la fiancée de Ryu, est une activiste gauchiste.
Lorsque Ryu perd son emploi et voit diminuer les chances d'opération de sa sœur, elle lui propose de kidnapper la fille de Dongjin. La rançon obtenue servirait à pouvoir soigner la sœur de Ryu. Mais le plan parfait tourne à la catastrophe...




Old Boy (2003)

Synopsis :
A la fin des années 80, Oh Dae-Soo, père de famille sans histoire, est enlevé un jour devant chez lui. Séquestré pendant plusieurs années dans une cellule privée, son seul lien avec l'extérieur est une télévision. Par le biais de cette télévision, il apprend le meurtre de sa femme, meurtre dont il est le principal suspect. Au désespoir d'être séquestré sans raison apparente succède alors chez le héros une rage intérieure vengeresse qui lui permet de survivre. Il est relâché 15 ans plus tard, toujours sans explication. Oh Dae-Soo est alors contacté par celui qui semble être le responsable de ses malheurs, qui lui propose de découvrir qui l'a enlevé et pourquoi. Le cauchemar continue pour le héros.





Lady Vengeance (2005)

Synopsis :
Geum-ja, une belle jeune fille, devient un personnage public lorsqu'elle est accusée de l'enlèvement et du meurtre d'un garçon de 5 ans. Ce crime atroce obsède les médias. Geum-ja passe aux aveux et est condamnée à une longue peine de prison. Elle va consacrer ses 13 ans d'enfermement à la préparation méticuleuse de sa vengeance contre son ancien professeur Mr. Baek...



Trois films différents traitant d'un même thème : la vengeance. Là où le réalisateur ne trébuche pas, c'est lorsqu'il donne son sens à la vengeance. Comme dans beaucoup de films occidentaux, les principaux protagonistes s'arrêtent juste avant l'acte semblant prouver qu'ils ne sont pas tombés aussi bas que leurs ennemis. Mais Park Chan-Wook ne joue pas la carte de l'homme-héros et décrit des situations inattendues pour des personnages proches du réel. L'homme veut se venger alors il se venge. Couteau à la main, il l'utilisera pour frapper et punir son adversaire.

Ris et le monde entier rira avec toi. Pleures et tu seras le seul à pleurer.

Outre cette envie de violence dans l'unique but de se venger, les principaux personnages se retrouvent à chaque fois engrénés dans de terribles histoires. Parfois la haine va à l'encontre d'un inconnu qui lui a fait du mal, parfois envers une personne proche. Mais à chaque fois, le personnage principal va devoir user de tactiques différentes pour mettre un terme à son piège. Bien qu'Old Boy soit le film le plus médiatisé et le plus accessible parmi les trois, j'ai trouvé Sympathy for Mister Vengeange bien plus fort émotionnellement. Le dernier opus, Lady Vengeance, est quant à lui un bon compromis entre les deux autres ; mélange de vengeance calculée et de vengeance froide. Une trilogie donc à ne pas rater ! Un must du cinéma asiatique.







Note trilogie : 19/20

mardi 18 mars 2008

Suicide Club & Suicide Club 0


Suicide Club et Suicide Club 0 sont deux films de Sion Sono.

Suicide Club a été réalisé en 2002 par le même réalisateur que Strange Circus, présenté plus bas. Le film démontre une société japonaise actuelle mal dans sa peau. On ressent la rage de l'artiste dans le fait que le film est décomposé en plusieurs scènes parfois nerveuses et parfois très lentes. Sion Sono est fâché contre la société et se lâche. A savoir qu'entre 30 et 35000 suicides sont comptabilisés chaque année au Japon.

L'histoire commence à Tokyo. 54 lycéennes venant d'établissements différents se retrouvent dans une station de métro, se tiennent la main et sautent toutes en même temps ... Le ton est donné, le réal' veut choquer. Après cette catastrophe, de multiples suicides (dont souvent collectifs) apparaissent. Une particularité : sur un site Web, des points rouges et des points blancs s'affichent toujours la veille des suicides. Les points rouges représentent les filles qui vont se suicider, les points blancs les garçons.

"Es-tu en accord avec toi même ?"

Je n'en dirais pas plus sur Suicide Club pour ne pas spoiler l'histoire. Deux scènes sont marquantes : la scène du suicide dans le métro et une des dernières scènes où l'on découvre l'envers du décor ... le bourreau, les enfants et les poussins : un mélange de violence et d'innocence.

"Je suis fascinée par tout ce qui se détruit."

Suicide Club 0 est un film complètement différent, beaucoup plus réfléchit, plus mature. Le réalisateur fait à nouveau une critique nerveuse de la société japonaise actuelle. Il dénonce un capitalisme sanglant et mafieux où chacun joue un rôle et doit vivre en oubliant les horreurs passées.

"Le monde est un suicide club."

Noriko est la fille aînée d'une famille japonaise vivant à la campagne. Elle vit avec sa petite sœur Yuka, son père journaliste Tetsuzo et sa mère Taeko. Noriko est une fille intelligente et très sérieuse mais qui s'embête et souhaite continuer ses études à Tokyo ... mais son père refuse.

Après avoir découvert Internet dans son lycée, Noriko se crée un personnage, Mitsuko, sur un forum de discussion où elle rencontre Kimiko. Après une dispute avec son père, elle décide de fuir son village natale et fugue à Tokyo où elle fait la connaissance de cette étrange Kimiko. Sa sœur ne supporte pas son départ et tente de retrouver Noriko ... elle découvre le site où celle-ci s'était inscrite avant son départ et s'invente à son tour un personnage : Yoko. Elle suit alors les traces de sa sœur et la rejoint à Tokyo dans une sorte de club aux activités très étranges : le family-rental ... une agence de location qui permet d'avoir des acteurs jouant des personnages tels que la mère ou la fille d'une personne ayant perdu sa famille. Leurs deux filles disparues, la mère se suicide et le père quitte tout pour les rechercher.

Sion Sono nous livre là un film poétique et totalement lyrique car on a l'impression qu'il nous livre ses propres sentiments à travers de multiples symboles. Sa colère nous décrit une fausse société; une société se cachant de tout. J'ai beaucoup aimé ce film malgré qu'il ne nous apprenne quasiment rien sur ce fameux Suicide Club. Il ne répond pas aux questions que l'on se pose après avoir vu le premier film mais il nous livre une autre vision des faits ... une vision plus personnelle partagée entre trois membres d'une famille en crise et d'une jeune fille troublée par son identité.

"J'étais une fille sans nom, qui marchait pour la première fois."

Bande annonce de Suicide Club :


Bande annonce de Suicide Club 0 :

NORIKO'S DINNER TABLE "trailer"
envoyé par gregwallace

Note Suicide Club : 16/20
Note Suicide Club 0 : 17/20

mercredi 20 février 2008

Ichi the killer


Ichi the killer a été réalisé par Takashi Miike en 2001. A la base, Ichi est un manga de Yamamoto Hideo.

A l'époque du Lycée, Ichi est un jeune homme très introverti. En effet, il se replie beaucoup sur lui-même et évite la moindre confrontation. Les enfants, à cet âge, sont très cruels et Ichi en fait les frais ... il se fait cogner dessus sans réagir, en s'excusant presque ... il se fait continuellement humilier et ne cesse de pleurer au lieu de se défendre. Mais, au bout d'un certain temps, si ses adversaires vont trop loin, il s'énerve et s'en suit un véritable carnage. Ichi prend des cours de Kung-fu et est très doué. Voici une brève présentation du personnage principal que l'on peut retrouver dans le manga.

L'action du film se situe quelques années après l'époque du Lycée. Ichi vit chez Jijii (interprété par le réalisateur Shinya Tsukamoto), l'homme et yakuza qui le manipule psychologiquement. Ichi croit qu'il a été humilié plus jeune alors qu'il assistait au viol d'une de ses camarades de classe par d'autres élèves de son lycée. Il serait resté devant la scène sans bouger et en éprouvant une certaine excitation ... depuis, son activité sexuelle ne se limite qu'au voyeurisme et au sadisme. On le voit clairement lorsqu'il espionne une prostitué en pleine activité sexuelle, et, qu'il la découpe ensuite en morceaux, pensant qu'elle est excitée et partage son plaisir sadique ...

Venons en à l'histoire du film. Un soir, le chef du clan yakuza Anjo est assassiné. Un véritable carnage. Ichi, habillé comme un super-héros, avec des chaussures contenant des lames, a réalisé une vraie boucherie en tuant l'homme et ses gardes du corps. Jijii est toujours là pour nettoyer après. Ainsi, le lendemain, lorsque le clan Anjo arrive au QG, tout le monde croit que le chef est parti avec l'argent de la bande. Mais Kakihara est persuadé du contraire et va s'obstiner à le retrouver, ainsi que le responsable de cet éventuel kidnapping. Pourquoi Kakihara souhaite t-il tant retrouver son chef, alors qu'il pourrait devenir dirigeant du clan ? Tout simplement car Anjo est le seul à lui procurer un plaisir sincère et intense avec ses méthodes sadomasochistes.

Le film est d'une violence inouïe. Certains verront ce film comme un grand n'importe quoi, voire même un prétexte pour afficher de la violence gratuitement. Mais Ichi n'est pas qu'un simple métrage vif et brutal. Il traite d'amour, comme le décrit ici un fabuleux article sur le film :

Ichi the Killer traite d'amour de façon détournée, un peu à la façon de Tokyo Fist (ce n'est pas un hasard si je rapproche ici les deux films, puisque Tsukamoto - qui se révèle être un acteur de plus en plus surprenant - joue dans Ichi un rôle de médiateur/révélateur essentiel). En fait, pour saisir l'intérêt d'une démonstration aussi visuelle, il faut partir du jugement émis par Kakihara à l'attention d'un assaillant improvisé aux deux tiers de l'histoire: "Ta violence manque d'amour". Dans Tokyo Fist déjà, Tsukamoto mettait en scène une histoire d'amour dans laquelle seule la violence extrême (par le biais de la boxe et de la scarification) pouvait servir de moyen d'expression. La différence entre un film simplement violent et le chef d'œuvre de Tsukamoto tient dans le fait que l'amour ne naît pas des confrontations successives: il y trouve un terrain d'expression et d'échange. Une forme de caresse qui naît d'un amour incompris et non pas l'inverse. Ichi the Killer parvient à reprendre les deux concepts au sein d'une même histoire, en opposant deux personnages qui symbolisent finalement les deux facettes complémentaires d'une même entité: l'amour véritable. (source Sancho does Miike)

Miike réalise son film avec passion et le fait de la meilleure des façons ; simplement et sans aucune provocation. Le film est violent et choquant, voire insoutenable ... un peu comme l'est la réalité pour certains d'entre nous. Il nous donne sa propre définition de l'amour ; un amour violent et un amour de la violence.

Le final du film est majestueux. Ichi, le pur sadique, affronte Kakihara, totalement masochiste, lors d'un duel d'une grande intensité. En effet, chacun trouve son ultime plaisir dans ce combat. L'un frappe et l'autre reçoit. L'ex bras droit du chef Anjo a t-il trouvé son nouveau Maître ?

Pour les plus curieux, voici une petite bande annonce du film : (Attention, les scènes les plus violentes sont présentes dans ce trailer ... âmes sensibles s'abstenir)

Note : 19/20

lundi 14 janvier 2008

Strange Circus

A la veille de la sortie en France du coffret Suicide Club (Suicide Club + Noriko's Dinner Table) du même réalisateur, j'ai décidé de présenter Strange Circus de Sion Sono.

Sion Sono peut être considéré comme un mélange de David Lynch et de David Cronenberg. En effet, avant d'être un cinéaste, Sion Sono est avant tout un artiste; un poète depuis son plus jeune âge. C'est pourquoi comprendre le sens d'un film de Sion Sono n'est pas toujours simple ...

Présentation du film :
Taeko, une handicapée moteur, est une romancière érotique à succès, qui vie dans un apartement luxueux et servie par de jeunes éditeurs et assistants. Elle écrit un sensationnel conte sur un triangle amoureux, incestueux et injurieux (père, mère et fille). Un jeune éditeur, Yuji, se lance dans une enquète et découvre que Taeko prétend d'être handicapée. Que cache-t-elle ? (source cinemasie)

Ce film, réalisé en 2005, est une véritable poésie mise en image. Les couleurs sont sublimes et parlent d'elles-mêmes.

L'histoire est divisée en deux parties. Dans la première partie, le réalisateur nous montre la vie de Mitsuko; une jeune fille abusée par son père et jalousée par sa mère. Sion Sono n'y va pas de la plus douce des façons ... en effet, il veut choquer et arrive parfaitement à ses fins. La jeune fille est, dans un premier temps, forcée par son père d'assister aux ébats sexuels des parents en se cachant dans un étui à violoncelle.

C'est à partir de ce moment que le spectateur entre dans la psyché de Mitsuko. Prend elle la place de sa mère ou est-ce le fruit de son imagination ? Après avoir appris la relation qui existait entre la jeune fille et son père, la mère de Mitsuko se met à la battre chaque jour. Sion Sono montre alors des images autant violentes que réalistes. La fillette se renferme et commence à inventer un nouveau monde ... un cirque, un bien étrange cirque. Effectivement, personne ne souhaite participer à ce genre de spectacle; des meurtres exécutés dans la joie et la bonne humeur sur des gens heureux et consentants.

La seconde partie du film calme le spectateur et lui permet de souffler un peu. Dans un premier temps, on rencontre Taeko, une femme écrivain qui vient de signer un best-seller : une histoire d'inceste et de mal traitance ... ça vous rappelle quelque chose ? Bien entendu, mais on se pose tout de même quelques questions : Qui est-elle ? La première partie n'est-elle qu'une histoire écrite par Taeko ou a t-elle vécue cette histoire ?

Cette femme, handicapée de ses jambes, fait la rencontre d'un jeune homme travaillant pour son éditeur. Mais celui-ci cache un terrible secret ... et il n'est pas le seul. Taeko a une pièce où personne ne peut aller. Dans celle-ci, elle nourrit chaque soir un étui à violoncelle par le biais d'un petit trou. Le film repart alors dans un mélange de délire entre réalité et imaginaire.

Il faudra attendre la scène finale pour tout comprendre. Cette dernière scène répond à beaucoup de questions : qui est ce mystérieux jeune homme ? Qui est Taeko ? Que sont devenus les personnages de la première partie du film ? Et, que cache Taeko ? Les images défilent alors à vive allure et la situation que vivent les principaux protagonistes devient totalement incontrôlable. Une tronçonneuse, des gens attachés ... ce n'est que le début de la fin.

J'ai rarement visionné un film aussi choquant. Sion Sono mélange la beauté des images aux situations les plus affreuses possible. Le réalisateur montre des personnages s'inventant une nouvelle réalité pour se cacher de la vérité. Ce cinéaste arrive à faire partager ses visions morbides aux spectateurs d'une manière très originale et embellie. Artiste à suivre de très près.



Note : 18/20

Bienvenue sur le blog des EIGA de MiKa

Bonjour et bienvenue,

Ce blog va me permettre de vous présenter mes coups de cœur cinématographiques venus d'Asie.
Pourquoi EIGA ? Eiga est tout simplement la traduction du mot "film" en japonais.

J'ai réellement connu le cinéma moderne asiatique il y a un peu moins d'une dizaine d'années avec des réalisateurs comme Takashi Miike, Takeshi Kitano et le très underground Shinya Tsukamoto. Depuis, je n'ai jamais cessé de m'intéresser à cette manière si particulière de nous conter une histoire. En effet, le "style asiatique" est souvent très original aux yeux des occidentaux. Parfois grotesque, parfois extrêmement poétique, on est sûr d'une chose : le cinéma asiatique fait réagir.

Malgré ce que l'on peut souvent entendre, le cinéma d'Asie ne s'arrête pas qu'aux productions japonaises ... Les coréens, les Hongkongais, ou encore les chinois et les thaïlandais sont très présents sur le marché du cinéma.

Avec ce blog, j'attends de votre part que vous réagissiez à mes critiques et que vous me fassiez découvrir de nouveaux films.